Willy Lobsiger

«Ne pas y aller avec le dos de la cuiller", c’est une expression qui sied mal à Willy Lobsiger, puisque dans sa série "Coffee Spoon", l’artiste utilise précisément une cuillère à café en guise de spatule. Quand l’ustensile est trempé dans un café sucré, l’artiste y va avec le dos de la cuiller, au premier degré.
Un café sur un coin de table en guise de peinture, un flyer (10,5 X 14,8 cm) sorti de la poche pour tout support: il y a dans sa démarche une spontanéité de saltimbanque. Mais l’artiste a trouvé dans ce langage pictural une manière de traiter le sujet sans le dominer: le trait ne se révèle à son oeil qu’en déplaçant la cuillère. «L’outil cache le mouvement», précise Willy Lobsiger. Le sujet n’en devient pas aléatoire pour autant, mais l’expression d’un regard ou la courbe d’une épaule échappe parfois à la volonté du peintre, que le sujet soit puisé dans sa mémoire ou dans son imagination. Les matériaux rudimentaires utilisés appelaient une sobriété de moyens dans la présentation des oeuvres. En reproduisant à la photocopieuse le profil d’un cadre précieux, Willy Lobsiger se joue des codes habituels, chaque oeuvre est originale jusque dans son contours, sans en avoir l’air.
Sans se prendre au sérieux, Willy Lobsiger (né le 17 février 1958 à Porrentruy) nous restitue des nus de facture académique dans une texture faite pour l’éphémère, qui le renvoie à ses études à l’école cantonale d’arts visuels, fréquentées de 1977 à 1982. Ses premiers travaux aux crayons de couleur, pastels et autre pointe sèche le rendait omniprésent sur la scène artistique régionale, avec des expositions à Bienne, Granges, Moutier ou Delémont, mais aussi à Zurich, à Bâle pour Art’85, Art’86 et Art’87, et en Egypte, pour une exposition itinérante avec des tempéra sur carton. Une peinture murale de 60 m2 l’a poussé dans le très grand format à l’exposition «1102 ans-Jetzt kunst» de St-Imier, avant un
travail d’indépendant en design sur textile qui l’a occupé de 2000 à 2003. Le dessin ne l’a jamais quitté jusqu’à ses retrouvailles avec son public à la Gewölbe galerie, comme si sa trajectoire était écrite dans le marc de café.


 

"Coffee spoon" (Winterausstellung 2012-13)